Climat Capricieux
Dr. Felix Blumer, météorologue à Météo RTS, explique le changement climatique en Suisse
Monsieur Blumer, le changement climatique et ses conséquences pour l’environnement, la société et l’économie ne sont pas le souci majeur de la population suisse. Pourquoi devons‑nous faire quelque chose contre le changement climatique
Depuis le mois d’août 2005, la Suisse a été très peu touchée par de grosses catastrophes naturelles. Avant tout, nous avons eu de la chance. S’il ne se passe rien pendant un certain temps, d’une part le risque est sous‑estimé, et d’autre part les mesures à prendre sont remises à plus tard. Cependant, les événements de ces derniers jours ont montré que la Suisse n’était pas non plus épargnée par les intempéries. D’après le rapport sur le climat 2013, les précipitations en Suisse augmentent de 0,8% par décennie. Cela est logique. Quand il fait plus chaud, l’évaporation augmente et il arrive davantage d’humidité dans l’atmosphère. Par conséquent, il faut s’attendre à des précipitations plus fréquentes et plus fortes.
Quelle importance a la production d’énergie pour le climat?
Les avis sur la part de responsabilité humaine dans le réchauffement mondial sont encore très partagés. De ce fait, il est aussi très difficile de quantifier l’influence directe de la production d’énergie sur le changement climatique. Toutefois, le fait que l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère contribue à aggraver le phénomène de réchauffement est incontesté. Au niveau mondial aussi, il y a une augmentation nette des émissions de CO2. Devoir maintenir au plus faible niveau possible les émissions de CO2 dans la production d’énergie est donc indispensable.
Le cinquième rapport d’évaluation de l’IPCC sur le thème de l’atténuation du changement climatique a été publié en avril 2014. L’IPCC y recommande une série de mesures pour lutter contre les conséquences les plus graves du changement climatique. Le rapport relève aussi que l’énergie nucléaire est un mode de production d’énergie générant très peu d’émissions. L’abandon de l’énergie nucléaire n’est-il donc pas en contradiction avec les objectifs climatiques du Conseil fédéral?
Du point de vue de la recherche climatologique, une augmentation des émissions de CO2 par la production d’énergie est un «no go» absolu. Vouloir respecter cette exigence, et de quelle façon, reste une question aussi politique qu’économique. Dans de nombreux pays du monde, la sécurité de l’approvisionnement de la population préoccupe davantage qu’une politique climatologique durable. En tant que pays hautement développé, la Suisse devrait cependant jouer un rôle de pionnier pour le respect des objectifs de réduction des émissions de CO2. Il faut donc que le nucléaire continue à rester aussi une option pour la production d’énergie.